Comprendre le système de retraite en Israël

À l’occasion des nombreux appels de francophones souhaitant ouvrir un compte retraite par l’intermédiaire de mon mari, Nissim Bitton, courtier en assurances depuis des années, je me suis aperçue que les olim francophones ne connaissaient pas le système de retraite israélien. Il est donc nécessaire de leur fournir des explications détaillées.

Le rôle prépondérant des compagnies d’assurances

En Israël, les compagnies d’assurances jouent un rôle prépondérant, bien plus important que celui des banques. C’est pourquoi les compagnies d’assurances israéliennes sont si bien cotées pour leur solidité financière au niveau international, même en période de Covid-19. Ces compagnies compensent, moyennant finances, les moyens limités des institutions nationales israéliennes en matière de prestations sociales et les déficiences du système de santé publique. Elles gèrent des plans d’épargne, des couvertures santé de qualité, des indemnités en cas de maladie grave ou d’accident, des indemnisations en cas d’incapacité temporaire de travailler, et bien sûr, les retraites.

Contrairement à la France, les cotisations retraite en Israël ne sont pas mutualisées mais capitalisées. Chaque montant versé sur le compte du salarié ou du travailleur indépendant constitue une cagnotte personnelle. Cette somme leur permettra, une fois à la retraite, de percevoir une indemnité mensuelle à vie. En cas de décès, cette indemnité sera transférée chaque mois à leurs héritiers légaux pendant 20 ans à partir de la date du départ en retraite du défunt.

Pour les salariés

Depuis 2008, la législation exige que six mois après leur embauche, l’employeur verse 18,5 % du salaire brut sur leur compte retraite. Six pour cent de ce pourcentage sont à la charge du salarié. Ce pourcentage se compose de deux parties : 12,5 % pour la retraite et 6 % d’indemnités de départ.

En cas de départ du salarié, la compagnie d’assurances paie les indemnités. Si le salarié est licencié, l’employeur doit compléter les indemnités de départ à hauteur d’un mois de salaire par an. Cependant, l’employeur doit ouvrir un compte retraite pour le salarié et verser régulièrement les cotisations. Et c’est sur ces deux points que les problèmes surviennent souvent.

Après avoir attiré l’attention des salariés sur Facebook, j’ai reçu plus d’une centaine d’appels en deux jours. Le constat est alarmant : seuls deux d’entre eux avaient un compte retraite réellement ouvert. Pour les autres, la déduction de la part salariale apparaissait bien sur leur bulletin de paye, mais aucune somme n’avait été versée auprès d’une compagnie d’assurances. Même pour les deux salariés qui avaient un compte, l’employeur de l’un d’entre eux n’effectuait pas régulièrement les versements.

Vérifier son compte retraite

Comment le salarié peut-il vérifier s’il a un compte et si les sommes sont bien versées ?

Tout d’abord, seul un assureur titulaire d’une licence en produits financiers et retraite délivrée par le Ministère des Finances peut ouvrir un compte retraite à un salarié. Jusqu’en 2016, le salarié n’avait pas la possibilité de choisir son assureur. Aujourd’hui, le salarié peut choisir l’assureur avec qui il souhaite travailler, à condition qu’il ait un permis d’exercer en matière d’assurance vie. Un assureur qui s’occupe d’assurances auto et habitation n’est pas forcément habilité à faire une assurance retraite.

Le premier point qui peut interpeller le salarié quant à l’ouverture de son compte retraite est de savoir s’il a rencontré, ou non, un assureur spécialisé. En effet, les sommes déposées vont être systématiquement investies par les compagnies d’assurances dans différents projets. Pour ce faire, le salarié doit préciser s’il préfère un circuit plutôt « pépère » ou plus dynamique avec des taux de rentabilité plus élevés mais des investissements plus risqués.

Il est impératif d’expliquer au salarié, dans sa langue maternelle, tous les tenants et les aboutissants du contrat de retraite qu’il s’apprête à signer. Mon mari, assureur depuis 25 ans, ouvre très souvent un compte retraite avec un circuit « Cacher LaMéhadrin », ce qui signifie que tous les investissements effectués avec les sommes versées sont conformes aux exigences de la Hala’ha et généralement plus sûrs.

Ensuite, le courtier qui assure le salarié doit vérifier chaque mois si les versements ont bien été effectués par l’employeur. D’où l’importance d’avoir un assureur honnête et sérieux pour aviser à temps le salarié en cas de problème.

Chaque année, en avril, les compagnies d’assurances envoient directement à chacun de leurs assurés un relevé des versements effectués sur le compte retraite.

En cas de départ du salarié de l’entreprise, le salarié touchera de la part de la compagnie d’assurances le montant des indemnités auxquelles il a droit, soit un mois de salaire pour chaque année travaillée, sans déduction d’impôts. Par contre, il ne pourra pas percevoir les sommes versées pour la partie retraite avant l’âge légal de la retraite.

Cependant, s’il souhaite récupérer l’ensemble des montants versés, il devra déduire 35 % de la somme retraite pour les impôts. L’objectif du législateur est de dissuader les personnes de retirer leur pécule retraite. Il est important de savoir que la partie « Indemnités » du compte retraite fait partie intégrante du calcul de l’indemnité retraite. Si le salarié a déjà retiré ses indemnités, son indemnité mensuelle sera très impactée.

Pour les travailleurs indépendants

Depuis le 1er janvier 2018, les cotisations retraite sont devenues obligatoires pour les professions libérales, commerçants ou artisans âgés de 21 à 60 ans, sous peine de pénalités fiscales lourdes. L’État souhaite éviter que les personnes arrivées à l’âge de la retraite sombrent dans la pauvreté. L’indemnité de « vieillesse » versée par le Bitoua’h Léoumi lorsqu’une personne arrête son activité est si dérisoire que beaucoup ne peuvent plus vivre décemment et doivent travailler dans des petits boulots pour survivre.

Pour éviter ces situations dramatiques, la Knesset a voté une loi en 2018 obligeant les travailleurs indépendants à cotiser pour leur retraite. L’argent qu’ils versent sur leur compte retraite leur sera versé mensuellement une fois à la retraite. En cas d’impossibilité physique à continuer d’exercer leur activité, la compagnie d’assurance paiera leurs cotisations jusqu’à l’âge légal du départ en retraite.

Les cotisations minimum obligatoires pour les travailleurs indépendants se répartissent en trois groupes. Pour une personne déclarant aux impôts la moitié du salaire moyen israélien, soit 4.836 shekels, elle doit cotiser 4,45 %, c’est-à-dire un minimum de 210 shekels par mois. Pour celles qui perçoivent un revenu plus élevé, elles doivent cotiser à hauteur de 12,5 % de leur revenu. Enfin, pour celles qui perçoivent plus de 9.673 shekels, la cotisation minimum est de 825 shekels et plus, si elles le désirent.

Comme ces sommes sont déductibles du revenu fiscal, de nombreux travailleurs indépendants cotisent plus que le minimum prévu par la loi. Cela leur permet de payer moins d’impôts et de se constituer une retraite plus confortable.

Encore une fois, seul un assureur habilité par le Ministère des Finances peut ouvrir un compte retraite. Quelle que soit votre situation, salarié ou indépendant, il est impératif de faire appel à un assureur expérimenté et rigoureux pour faire les bons choix financiers et bénéficier d’un suivi de qualité.

Pour tout renseignement complémentaire, merci de me contacter directement au 054 307 0916 ou en remplissant le formulaire ci-dessous.